Retour sur les Rencontres Promodul 2024 : le rendez-vous des acteurs de la transition énergétique

Table ronde #1 : Favoriser le collectif et créer la confiance pour accélérer et réussir les rénovations (copropriétés, logements sociaux, bâtiments des collectivités, bâtiments d’enseignement)

Participants : Marine Carrat-Fournier, Directrice innovation & développement durable – Action logement | Lila Ferguenis, Responsable Développement et Partenariats – Programme EduRénov, Banque des Territoires | Franck Le Nuellec, Directeur Marketing, Développement et Innovation Stratégique – CCCA-BTP | Emira Zaag, Présidente de l’UNSFA Paris et fondatrice de l’agence d’architecture ZAConsulting

En matière de copropriétés, le chantier est énorme ! L’anticipation reste complexe puisque bien souvent, l’acte de rénover se réalise en réponse à une urgence. Emira ZAAG insiste sur la nécessité d’initier une vraie réflexion sur les usages, la pérennité du bâti et l’exigence d’avoir un langage commun pour renforcer le lien de confiance avec les copropriétaires. D’autant que leur adhésion implique très souvent un temps long.

Les dépenses énergétiques représentent 76% des dépenses des communes. Les collectivités sont donc des entités essentielles qui ont besoin d’être soutenues et aidées dans la rénovation énergétique de leur parc. C’est là tout le rôle de la Banque des Territoire. Concernant les investissements, Lila Ferguenis constate une augmentation de 47% entre 2017 et aujourd’hui. « On avance doucement, mais surement », tout en précisant que le coût de l’inaction est six fois plus important que celui de l’action/la dépense. Favoriser la confiance passe aussi par la massification des actions de rénovation : les retours d’expérience, les démonstrations de rénovations réussies permettent de favoriser la perception de la rénovation.

Franck Le Nuellec a, quant à lui, partagé l’ambition de rénover de manière performante, d’un point de vue énergétique et environnemental, l’ensemble des centres d’apprentissage du CCCA-BTP. Cela représente 1500 bâtiments et plus d’1,5 millions de m2 de surface. L’ambition étant de faire de chaque bâtiment un démonstrateur et de renforcer le lien de confiance au travers des apprenants : les sensibiliser pour qu’ils deviennent les meilleurs ambassadeurs d’une rénovation globale performante une fois sur le marché du travail.

De son côté, Action logement gère 1,2 millions de logements sociaux dans un plan quinquennal de performance énergétique réussi de 400 000 logements, dont 200 000 en rénovation énergétique. L’anticipation est un facteur clé permettant de générer la confiance des occupants, mais aussi un élément de pérennisation de l’ensemble du parc. A ce sujet, Marine Carrat-Fournier précise qu’il ne faut pas se focaliser uniquement sur la valeur sociale, la valeur environnementale étant également importante, même si les indicateurs sont encore complexes à définir. Cette valeur verte est un outil majeur pour inscrire les actifs immobiliers dans la durabilité.

Table ronde #2 : Confiance et performance : formation, montée en compétences

Participants : Arnaud Gouilly-Fortin, Directeur Marketing, Développement et Innovation Stratégique – BTP CFA Grand-Est | Jean-Luc Buchou, Délégué Général, Cercle Promodul / INEF4

Consolider la confiance pour améliorer la performance doit aussi s’opérer dès la phase d’apprentissage, tant en formation initiale que contenu, en proposant des outils et des ressources de qualité.

Arnaud Gouilly-Fortin est notamment revenu sur l’expérimentation du LAB, réalisée par le Cercle Promodul / INEF4 auprès des équipes pédagogiques du BTP CFA Grand-Est. Cette expérimentation a justement permis de pouvoir s’appuyer sur des ressources qualifiées qui s’adressent à l’ensemble de la profession.

Il a également été rappelé la nécessité d’anticiper les évolutions qui impactent les métiers du bâtiment. L’objectif étant de : former au mieux les futurs acteurs pour qu’ils aient une vision large des transitions énergétiques et environnementales, mieux les équiper et mieux les préparer de nature à générer la confiance, tant au sein de leurs entreprises que vers leurs clients.

Jean-Luc Buchou a rappelé que les professions du bâtiment ont besoin de parler une langue commune et de s’entendre collectivement sur un objectif de performance à atteindre. Et c’est ce que l’expérimentation a permis de démontrer puisque 78% des formateurs interrogés lors de cette expérimentation ont l’intention d’utiliser de nouveau le LAB dans leurs cours et formations.

Ces résultats nous montrent que l’approche terrain et pragmatique est nécessaire. Favoriser la montée en compétences et sensibiliser aux enjeux des transitions fait partie intégrante des ambitions du Cercle Promodul / INEF4.

Interviews

Jean-Pascal Chirat, Délégué Général – Club de l’Amélioration de l’Habitat

Jean-Pascal Chirat a partagé, à partir d’études sociologiques, les recommandations du CAH pour comprendre ce qui motive la prise de décision des ménages pour se lancer dans une rénovation performante.

Il a été évoqué le sujet de « l’habitant-consommateur », qui sont les premiers impulseurs de l’acte de rénover, avec pour 83% d’entre eux, le besoin de réduire avant tout les consommations de chauffage. Les ménages sont donc de plus en plus sensibilisés à ces enjeux. En parallèle, soutenir la montée en compétence des professionnels et proposer des garanties de résultats pour la qualité de travaux seront nécessaires pour renforcer la confiance des occupants.

Emilie Dorion, Pilote du programme SEREINE – Agence Qualité Construction

La pédagogie auprès des occupants est primordiale pour garantir la performance des travaux.

Le programme SEREINE (Solution d’Evaluation de la peRformance Energétique IntrinsèquE des bâtiments), piloté par l’AQC vise à définir une méthodologie et un process permettant de garantir la performance en maison individuelle par une analyse de l’efficacité des travaux juste après la livraison.

Grâce à cette approche, il est possible d’évaluer le niveau d’isolation des parois d’une maison ainsi que la performance des systèmes énergétiques installés (tels que le chauffage, l’eau chaude, la climatisation, la ventilation et l’éclairage). En obtenant un indicateur global, il est possible d’identifier d’éventuelles contre-performances et d’utiliser un protocole complémentaire pour enquêter plus en profondeur.

Au-delà des garanties de travaux réalisés sans contreperformance, expliquer et sensibiliser les occupants sur l’usage et l’entretien des équipements est au cœur du programme (qui se développe également dans le logement collectif et le tertiaire).

L’objectif de la méthode vise à réponse à la question : les travaux de rénovation ont-ils atteint leurs objectifs énergétiques ?

Paul CALBERG-ELLEN, Délégué Général – APEMEVE

Pour progresser, il faut évaluer.

Paul Calberg-Ellen évoque la notion de mesure de la performance énergétique comme une réponse au besoin de progression dans le domaine de l’efficacité énergétique et de la sobriété.

L’APEMEVE (Association française de la Performance Energétique MEsurée et VErifiée) vise à définir des indicateurs et une méthodologie fiable pour mesurer la performance énergétique réelle, appliquée au secteur tertiaire concerné par les obligations réglementaires du décret tertiaire et de l’accès à l’énergie via les Contrats de Performance Energétique.

Ces Rencontres furent une belle occasion de faire un focus très particulier sur un de nos partenariats phares de 2024 : celui avec la Banque des Territoires et le programme EduRénov !

Après une année de travail riche, nous avons présenté en exclusivité LE guide dédié à l’intégration du confort d’été dans la rénovation des bâtiments scolaires.

Lila Ferguenis et Jean-Luc Buchou ont rappelé la nécessité d’intégrer le confort d’été dans une vision globale.

Une approche systémique est essentielle : il ne s’agit pas de se concentrer sur une « solution miracle », mais de penser une combinaison intelligente de solutions pour en garantir une bonne performance.

Ce guide se veut comme un « pas à pas » : en proposant des recommandations pratiques, adaptées aux typologies de bâtiments, pour répondre aux besoins spécifiques des collectivités, ce guide permet de conjuguer efficacité énergétique et bien-être des occupants pour garantir, in fine, des conditions favorables à l’apprentissage.

Outil essentiel pour accompagner les décideurs locaux dans la prise en compte du confort d’été, il offre aux collectivités un ensemble de pistes de réflexion et de solutions concrètes pour anticiper l’avenir et s’adapter aux défis climatiques :

• Réchauffement climatique et adaptation des bâtiments
• Les causes d’inconfort d’été : notions générales
• Les effets de la chaleur sur le corps humain
• Mieux intégrer le confort d’été : principes généraux et exemples de solutions complémentaires
• Analyse des typologies du parc français des écoles primaires
• Les typologies d’écoles : caractéristiques et intégration du confort d’été

Les différents intervenants ont été unanimes : il est nécessaire de mettre à disposition de la filière des contenus de qualité sur les enjeux du secteur et qui soient créés de façon collaborative, neutre et factuelle.

Et c’est là tout l’objet et l’ambition du LAB Promodul : proposer, en accès libre, des outils et ressources pédagogiques pour la réussite des transitions du bâtiment et à disposition de tous : Entreprises de la construction – Industriels – Maîtres d’ouvrage – Acteurs publics – Formateurs – Apprenants – Particuliers etc.