Le Fonds de Dotation Cercle Promodul / INEF4 base cette analyse sur les échanges au sein d’un de ses groupes de travail sur les réglementations et sur les résultats de deux enquêtes, menées au sein du groupe, relatives aux conséquences sur les promoteurs / constructeurs et les bailleurs, de l’expérimentation E+C-.
Un indicateur de confort d’été correctement calibré
La situation actuelle issue de la RT2012 n’est pas satisfaisante : d’une part, l’indicateur réglementaire actuel, la TIC (Température Intérieure Conventionnelle), devient inopérant. De nombreux bâtiments réglementaires RT2012 sont pour la plupart inconfortables en été. D’autre part, pour ne pas intégrer dans le calcul un équipement de climatisation, les maisons neuves seront équipées a posteriori hors de toute contrainte réglementaire.
Des modifications doivent être intégrées dans la construction mais l’indicateur DIES (Durée d’Inconfort Équivalent Statistique) de la future RE2020 n’incite pas semble-t-il à des changements de conception. En particulier les scénarios conventionnels peuvent limiter les efforts faits par ailleurs dans la conception. Ils intègrent un calcul fenêtres ouvertes la nuit ce qui est souvent peu applicable dans la réalité. Le logement devrait pouvoir rester confortable même fenêtres fermées. A ce titre le calcul réglementaire pourrait se faire baies fermées [2]. Cela favoriserait des systèmes constructifs adéquats pour retarder l’emploi de systèmes de rafraîchissement actifs.
Calcul du Bbio froid
Il n’y aurait également pas lieu de différencier la manière de calculer le besoin bioclimatique (Bbio) qui devrait considérer le besoin de refroidissement, quel que soit le choix fait initialement d’installer un équipement dédié ou non. Il est difficile de présumer lors de la conception un éventuel équipement futur en refroidissement (impact sur le Cep et surcoûts possibles sur le bâti pour compenser cette dépense énergétique) alors que la durée de vie du bâtiment est estimée à 50 ans ou plus. Le choix est alors souvent fait d’activer la fonctionnalité « refroidissement » de certains équipements ou de les installer a posteriori.
Les moyens passifs
La RE2020 doit permettre de produire des bâtiments confortables en été, par la mise en œuvre de moyens passifs, en valorisant leur présence peut-être en intégrant la notion de rafraîchissement passif en termes d’obligations de moyens (cf RT 2012 et fenêtres des chambres équipées de protections solaires mobiles, l’ouverture des baies les baies sur au moins 30% de leur surface totale, le 1/6 de surface de baies , etc.) pour éviter des modélisations mathématiques trop complexes à intégrer dans la méthode Th BCE.
Ces éléments passifs qu’ils soient naturels (végétalisation), architecturaux (protections solaires, masques, tirage naturel, etc.) ou technologiques (verre à contrôle solaire, surventilation, automatisation et gestion active, systèmes rafraîchissants par effet géothermique fluide air ou eau en faisant circuler l’été l’eau d’un circuit de chauffage dans les fondations vers un émetteur de type plafond) peuvent avoir des effets significatifs sur le confort été. Il conviendrait également pour éviter toute dérive que la mise en place d’un système de refroidissement dit actif, c’est-à-dire avec maintien d’une consigne de température, lorsqu’il semble indispensable, soit bien intégré dans le calcul et contrôlé dans la mise en œuvre.
Promoteurs / constructeurs et bailleurs s’accordent à dire que le volet carbone a eu un impact sur la production d’ECS et les systèmes de chauffage.
Chaleur renouvelable
Il paraît donc important que la chaleur renouvelable soit bien présente dans tous les bâtiments avec la RE2020 (comme prévu dans la PPE). En effet, si la RT2012 a permis d’amorcer les choses avec la maison individuelle, le logement collectif n’a pas été confronté à l’obligation d’une part d’ENR.
L’article 2 de la directive européenne, relative à la promotion de l’énergie produite à partir de sources renouvelables 2009/28, définit l’air (aérothermie), l’eau (hydrothermie) et le sol (géothermie) comme sources d’énergie renouvelables utilisées pour produire de la chaleur.
De ce point de vue, les systèmes thermodynamiques qui établissent un lien entre valorisation des énergies renouvelables, efficacité énergétique et récupération de l’énergie semblent les mieux adaptés.
Enfin, l’étude montre que la production d’énergie sur site est un des principaux moyens utilisés pour atteindre les niveaux E3 et E4 (64% des Promoteurs / Constructeurs répondants indiquent que l’introduction du volet Energie dans l’expérimentation E+C- a fait évoluer leurs projets de façon significative. Une solution photovoltaïque a été favorisée dans les projets pour atteindre le plus souvent le niveau E3. L’énergie électrique photovoltaïque devrait donc se généraliser à toute la construction neuve.
La RE2020 peut donc jouer ce rôle de garantir aux usagers un confort (notamment en saison estivale) sans toutefois compromettre les enjeux environnementaux liés aux émissions de GES. Ce qu’il faut intégrer dans la future réglementation c’est que les attentes en termes de confort ne sont pas uniquement techniques, elles diffèrent des besoins de chacun et restent liés aux préoccupations de santé. Le confort et la santé doivent rester accessibles à tous.
Nous mettons également un autre point d’attention. Pour prévoir une application soutenable dans la RE2020 par l’ensemble de l’écosystème de la construction, il faut pouvoir s’assurer que les systèmes constructifs ainsi que les surcoûts qui y sont liés ne soient pas pénalisants pour l’ensemble des parties prenantes.
Par rapport à la RT 2012, L’enquête montre que 71 % des Promoteurs / Constructeurs interrogés constatent un surcoût global pour un projet mené sur la base de l’expérimentation E+C- (76,5% pour les bailleurs). Ce surcoût est variable et évalué par les répondants entre 5% à 15% selon les niveaux atteints. Il sera utile et important d’approfondir cette analyse des surcoûts, dans la perspective et l’application de la future RE2020.
Ce surcoût peut-il poser question ? Oui, si le confort et la santé pour l’usager, préoccupations de plus en plus significatives pour l’usager ne sont pas au rendez-vous. A ce sujet on peut noter que seulement 7 % des répondants Promoteurs / Constructeurs jugent que l’expérimentation E+C- a permis de produire des bâtiments plus confortables que ceux conçus sur la base des critères de la RT 2012. Un point clé de prochaine RE 2020 à considérer.