Le numérique : un élément disruptif de la formation dans le bâtiment

Face aux mutations importantes du secteur du bâtiment (évolution rapide des technologies et des réglementations), la formation aux outils de demain devient un objectif majeur pour les professionnels et acteurs de la transition énergétique, environnementale et numérique. En effet, les compétences requises sont amenées à évoluer de manière significative. Tout l’enjeu des prochaines années devrait reposer sur la formation. Cette transformation numérique est inéluctable puisque 60% des métiers qui seront exercés en 2030 n’existent pas encore.

Le numérique et l'innovation comme opportunités de formation

Les neurosciences, l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et les outils numériques nous ont propulsés dans une nouvelle ère d’apprentissage. Or, l’enseignement et la formation n’ont que peu évolué depuis un siècle.

En effet, la plupart des programmes de formation n’ont pas pris la mesure :

« […] de l’intensité du choc que les progrès de l’intelligence artificielle [par exemple] s’apprêtent à porter à nos façons de vivre (ensemble), de travailler, de consommer, (…), d’interroger nos normes juridiques et […] de bousculer nos normes éthiques ».[1]

Alors comment amplifier massivement la compétence des acteurs grâce à l’innovation ? La vision axée sur le numérique permet, en effet, de mettre à la disposition d’une partie des acteurs des outils novateurs qui les plongent dans un environnement, bien que virtuel, au plus près de leur réalité quotidienne. La digitalisation ouvre de nouvelles perspectives comme la diversification de l’offre et des formats qui permettent d’apprendre ce que l’on souhaite, quand on le souhaite et ce, de manière indifférente selon le lieu ou la durée de l’apprentissage.

Néanmoins, l’utilisation du virtuel doit s’effectuer avec précaution. En effet, ce dernier doit se poser comme un complément de la pratique réelle afin que la formation soit la plus complète possible.

La réussite des transitions énergétique, environnementale et numérique dans le bâtiment est un véritable défi lié à la qualification des acteurs. Les évolutions technologiques, les innovations et le développement du numérique ajoutés aux compétences attendues font que les dispositifs de formation classiques ne suffisent plus pour transmettre en temps réel aux professionnels ce flux constant de changements et de compétences à acquérir.

« L’éducation est un des rares secteurs stratégiques pour notre pays dans lequel nous n’investissons quasiment pas en recherche et développement contrairement à ce que nous jugeons naturel de faire dans tous les secteurs d’avenir (la santé, la mobilité, l’énergie, les technologies…). Si la France ne consacrait que 1 % du budget de l’éducation à la recherche et développement, la face de l’école en serait bouleversée en quelques années »)[1]

Un besoin de formation au numérique important

Selon un rapport Deloitte sur la digitalisation des entreprises intitulé « Économie numérique : le digital, une opportunité pour les PME françaises »[2] les TPE/PME françaises tarderaient à prendre en compte le volet digital de leur organisation. Seules 11% des TPE/PME françaises de moins de 50 collaborateurs sont équipées en outils digitaux de productivité, soit deux fois moins que les PME européennes.

Or, le virage du bâtiment dans l’ère du numérique doit s’opérer. Le BIM et la maquette numérique sont l’un des premiers exemples les plus marquants de cette dynamique dont l’objectif est d’augmenter la qualité des travaux tout en réduisant les coûts et en facilitant la maintenance.

Malgré tous les avantages que peuvent apporter le BIM et la maquette numérique, un certain nombre de professionnels n’ont pas encore passé le cap.

D’après une enquête réalisée par le Plan Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNB) [3] fin 2017 auprès de 1360 professionnels concernant l’appropriation du BIM on apprend que

« (…) le besoin de formation reste très élevé et 53% des professionnels interrogés déclarent avoir besoin de se former rapidement au BIM, montrant ainsi une véritable prise de conscience de l’importance (…) de la filière pour le BIM (…) »

Le PTNB identifie à ce sujet plusieurs freins majeurs dans le déploiement du BIM[4] au sein d’une entreprise dont : « (…) des investissements importants et des aides qui apparaissent encore limitées. (…) Cet effort d’investissement favorise naturellement les grandes structures qui peuvent dégager suffisamment de moyens pour investir dans des projets pilotes. Conscients de ce déséquilibre, les organisations professionnelles et les pouvoirs publics se préoccupent du déploiement du BIM dans les TPE. Elles craignent que le BIM accentue l’écart entre grandes et petites entreprises (…) ».

L’autre frein identifié est « surtout humain car la généralisation du BIM suppose des évolutions importantes des pratiques professionnelles qui deviennent plus collaboratives »[5].

A l’occasion du lancement du Plan BIM 2022 (prenant le relais du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment) le 15 novembre 2018, Julien DENORMANDIE, Ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargé de la Ville et du Logement a confirmé la volonté du gouvernement de mettre en place les conditions permettant de généraliser le numérique dans le bâtiment :

« La transition digitale n’est pas une perspective, c’est une réalité et une opportunité à saisir dès maintenant. Elle doit bénéficier à toutes les entreprises du secteur du logement et apporter de nouveaux services aux professionnels et aux usagers dans tous les territoires »[6].

Face à cette mutation, les solutions pédagogiques de formation devraient être innovantes pour accompagner les professionnels dans leur montée en compétence et pour les former aux métiers de demain.

Un effort majeur de formation, concerté et coordonné, une mobilisation forte sont les impulsions nécessaires pour permettre aux professionnels du bâtiment de transformer leurs pratiques et leurs métiers pour intégrer les technologies numériques. L’ensemble des parties prenantes (universités, industriels, ingénieurs, développeurs, experts de la performance énergétique, spécialistes de la cognitique) doivent unir leurs compétences pour mettre à la disposition des apprenants du secteur du bâtiment des outils performants, accessibles et adaptés aux besoins.

Les technologies numériques jusqu’ici réservées aux secteurs de pointe comme l’aéronautique et le spatial, se démocratisent à la filière bâtiment.

BATISCAF engage les apprenants dans des simulations métier inspirées de situations professionnelles réelles dans lesquelles ils acquièrent des réflexes opérationnels directement transposables sur le terrain. La technologie 3D permet de créer dans un seul espace des bâtiments présentant différentes pathologies : élèves et stagiaires s’entraînent à une multitude de situations qu’il serait complexe de rencontrer dans un contexte plus classique de formation. Le premier module BATISCAF accompagne les professionnels du bâtiment dans leur montée en compétences pour la rénovation énergétique des maisons individuelles.