D’un point de vue économique, le secteur d’activité de la construction et du bâtiment joue un rôle prépondérant dans l’économie européenne, et se caractérise entre autres par la prédominance de micro-entreprises et de PME : 99% des entreprises du secteur en Europe sont des PME, représentant 83% de l’emploi total [1]. Les PME constituent donc un potentiel considérable et un vivier de solutions et d’innovations majeur.
Pour introduire des innovations, les entreprises ont souvent besoin de coopérer avec des partenaires afin d’avoir accès à de nouvelles connaissances et compétences.
Les grandes entreprises tendent alors davantage dans cette direction que les PME (60% des grandes entreprises innovantes établissent des coopérations pour innover [5]). Mais, ces dernières ne sont pas en reste et présentent de nombreux atouts pour innover : 61% des managers de PME du secteur de la construction en France considèrent l’innovation comme un élément clé de leur stratégie de développement [6].
Pour ceux qui tentent de faire bouger les lignes, les normes réglementaires, bien qu’instauratrices d’un cadre, peuvent être assimilées à un obstacle. Selon le rapport PWC « Innovation et BTP » : « Le BTP est un secteur historiquement très normé où la réglementation peut jouer le rôle de contrainte pour certaines entreprises mais aussi d’accélérateur, notamment dans le domaine énergétique » [7]. Elles permettent toutefois, en parallèle, d’être une véritable source d’opportunité, comme un « contournement » des règles :
Mais pour en arriver jusque-là, les principaux acteurs doivent avoir la capacité de maîtriser les nouveaux outils propres à leurs métiers.
Les PME sont toujours assez réticentes pour se lancer dans l’aventure, par crainte de voir leurs acquis techniques pillés ou d’être elles-mêmes absorbées par de grandes entreprises. Il est important d’établir une relation de confiance pour faire travailler ensemble grands groupes et PME. La profusion de structures entraîne une très grande complexité, un manque de visibilité et une redondance inévitable des missions et compétences. Cette complexité pénalise les PME [8].
Et au-delà des métiers, c’est aussi le rapprochement entre universitaires et le terrain qui est attendu. C’est cette connexion au monde de la construction qui permettra de redonner tout son sens à l’innovation. L’enjeu étant de créer sur les territoires une vraie synergie entre chercheurs et ingénieurs.
C’est là par exemple tout l’intérêt des ITE (Institut pour la Transition Énergétique et Environnementale) comme INEF4. Ces structures mettent en place des équipes communes de recherche avec les universités actives dans leur écosystème afin de contribuer au développement de nouvelles solutions technologiques pour la filière, mais aussi de nouveaux outils et méthodes de conception pour les architectes et ingénieurs. INEF4 favorise également la création de projets d’innovation collaborative et offre des espaces d’échanges et de confiance ou peuvent se retrouver les acteurs quelle que soit leur taille. C’est la raison même de notre existence (Cercle Promodul/INEF4) au sein de l’institut pour la transition énergétique et environnementale.
Il faut co-construire avec les acteurs locaux. La mise en place de ces partenariats ainsi que l’accompagnement des PME sur le territoire (par le biais des Clusters) sont des moyens forts pour améliorer leur attractivité. Ces dernières peuvent ainsi compenser les « faiblesses » assimilées à leur taille (fragilité, manque de ressources, taux élevé de faillite, dépendance de grands groupes, faible accès au financement etc.) par la relation qu’elles tisseront avec les différentes organisations, facilitant ainsi la coopération sur la gestion de projets innovants.
En dynamisant les relations entre les différents maillons de l’écosystème, les organisations régionales et nationales vont assurer un renforcement de la compétitivité et une facilitation d’accès au marché, à l’innovation et à la gestion des compétences [9] pour les plus petites structures. Ce rôle fédérateur est primordial, car très souvent, par manque de temps ou de vision, les PME entretiennent une culture du secret qui peut alors freiner l’innovation.
Cette « culture du secret » peut dans le même temps se coupler à un deuxième frein culturel : celui de nos habitudes. Ces dernières, bien souvent solidement ancrées, rassurent, nous confortent, et peuvent venir contrecarrer tout processus d’innovation. La « résistance interne au changement / aux innovations venu de l’externe nécessite alors encore un travail d’acculturation » [7].
L’IA commence à se créer une place de choix sur le terrain de l’innovation dans le bâtiment. Toutes les structures du secteur (Start-Up, PME, grands groupes) doivent collaborer pour contribuer à l’émergence de bâtiments durables sains et performants. L’innovation doit servir avant tout cette cause. Il est donc primordial que cette transition numérique ne soit pas portée que par quelques grands groupes. L’éclatement du secteur et son manque de cohésion peuvent fragiliser les centaines de milliers de structures existantes face aux actions majeures des GAFAM.
L’Internet of Things (IoT), l’Intelligence artificielle (IA) et la Blockchain auront donc demain le potentiel d’amener un vrai changement dans nos activités. Utilisées conjointement, ces technologies auront un véritable pouvoir de transformation (amélioration des performances environnementales et énergétiques, anticipation des enjeux de formation sur les métiers etc.).
Ces technologies posent bien sûr la question de la gestion des données, car la data sera au cœur des prochains challenges de l’innovation dans la construction :
En finalité, on se rend compte que les enjeux environnementaux viennent modeler et influencer l’innovation fortement attendue et plébiscitée. Réglementations, formation, modalités collaboratives et IA ne sauront être pertinents qu’en ayant pour objectif la prise en compte du durable et de l’urgence environnementale. Le champ des possibles en matière d’innovation est donc relativement grand pour les PME, et pour tous les acteurs du BTP.
L’innovation dans le bâtiment passe désormais par une nécessité de revenir à la frugalité avec un impact mineur en matière d’empreinte carbone. Car du lancement d’un chantier à la fin de vie des bâtiments, le secteur de la construction reste l’un des plus polluant au monde (avec 50% dans la part des déchets mondiaux [10] et responsable de 40% des émissions de CO2 en France [11]) et implique par la même occasion un nombre considérable de métiers !
Afin d’assurer une durabilité des transformations, l’innovation suppose une nécessaire collaboration intersectorielle, amenant tous les acteurs à se positionner sur ces sujets, renforçant ainsi la capacité du secteur de la construction à définir l’innovation comme une priorité. La transition numérique ne pourra se faire que par une coopération nécessaire entre les métiers et entre grandes entreprises et PME/TPE pour innover ensemble sur les technologies, les méthodes et les process.
Il devient désormais indispensable de travailler à l’émergence de méthodes de travail permettant dans un lieu de confiance, de faire émerger des actions et solutions collaboratives, telle que d’autres industries ont réussi à la faire. Une inspiration transectorielle serait de nature à ouvrir le mode fermé de type « silos » toujours en place dans le bâtiment et favoriser les innovations, non pas dans une course effrénée et compétitive pour produire le premier mais plutôt dans une collaboration vertueuse pour produire mieux !
Nous plaçons l’innovation au cœur de tous nos travaux.
C’est pourquoi, nos ateliers d’innovation permettent à nos Mécènes et acteurs solidaires de travailler ensemble sur des projets d’innovation et de rupture, avec pour objectif de s’attaquer aux verrous technologiques du secteur du bâtiment.
Nous travaillons aussi, au sein d’INEF4, à l’émergence et la mise au point d’une méthode collaborative robuste et éprouvée pour faire émerger des projets collaboratifs. Par ailleurs dans le cadre d’un projet Européen nous serons en mesure de revenir prochainement vers les Clusters et les PME pour aider à l’accompagnement de l’innovation.
En savoir plus : « Les Ateliers d’Avalisation : échanges et positionnement sur des projets d’innovation ».