Accélérer les actions de rénovation énergétique à l’échelle du quartier

C’est le grand sujet de la rentrée : le plan de relance présenté par le gouvernement, avec la question de la rénovation énergétique des bâtiments comme l’un des principaux axes retenus pour relancer l’économie française. La performance énergétique du parc français, tertiaire comme résidentiel, fait donc l’objet d’une attention toute particulière.

Selon une récente étude du Ministère de la transition écologique et solidaire, on dénombrerait 4,8 millions de passoires thermiques [1] en France métropolitaine, soit 17% du parc immobilier particulièrement consommateur en énergie.

Le chantier est énorme, mais pas impossible. Convaincu que les travaux de rénovation énergétique constituent un des leviers pour tendre vers plus de durabilité dans le monde du bâtiment, Cercle Promodul / INEF4 est d’ores et déjà un acteur engagé sur le sujet (et particulièrement sur la question de la massification de la rénovation).

Les raisons objectives d’engager une action de rénovation sont nombreuses, pourtant force est de constater que bon nombre de ménages aujourd’hui ne franchisent pas le cap.

Source image : Guide P2E, Passeport efficacité énergétique, Maison individuelle

Identifier les blocages en amont de tout acte de rénovation constitue une action essentielle, à la fois auprès de particuliers, mais aussi des collectivités (projets de rénovation de masse, de quartiers etc.).

Pour les usagers, on constate en effet bien souvent un décalage entre l’intention d’agir et le passage à l’action, et à ce jour, l’approche énergétique et écologique des travaux de rénovation n’est pas un levier suffisant pour faire évoluer les comportements. Ces derniers auront en effet tendance à privilégier des actions qui « améliorent » et qui « embellissent » le logement.

Mais ce qui fait le plus défaut aujourd’hui réside encore dans le déficit d’information et de confiance entre les différents acteurs potentiellement impliqués. La multiplicité de ces derniers lors d’un parcours de rénovation peut faire l’objet d’une crainte pour le particulier (à qui faut-il s’adresser ?), tout comme les désagréments associés (qualité des travaux fournis par l’artisan, leur délai, leur qualité et prix ?).

Le discours du professionnel doit alors être amélioré.

The Shift Project explique notamment qu’il faut que les différents corps de métier soient bien coordonnés entre eux :

« L’offre est fragmentée par domaine (ex : vitrage, produits d’isolation, ventilation, etc.) […]. Pour les particuliers, l’offre en matière de rénovation thermique parait très éclatée, peu coordonnée entre acteurs (fabricants, installateurs) et la dimension service est peu intégrée, par exemple, sur l’aide au financement » [2].

Enfin, la rénovation énergétique demandant des compétences particulières : il est donc important de continuer le travail d’accompagnement, de montée en compétence et de formation des artisans du bâtiment et des TPE du BTP pour comprendre les nouvelles attentes des usagers. L’enjeu sera, in fine, de rassurer l’usager et de démontrer que « travaux de rénovation énergétique », et surtout « massification de la rénovation » ne sont pas synonymes de mauvaise qualité des travaux effectués.

En parallèle, mesurer l’adaptation des structures publiques en matière de rénovation énergétique, et plus particulièrement leur positionnement et capacité à s’engager ou non sur le sujet, sera fortement précieux. C’est notamment un des points qui fut souligné par Emmanuelle Wargon, Ministre déléguée au logement, pour permettre un déploiement efficace de l’action au cœur des territoires français dès 2021.

Les travaux du Cercle Promodul / INEF4 sur le sujet ont alors déjà permis d’identifier ces structures comme acteur indispensable. Leur engagement a ainsi pu être mesuré via une enquête relative à la rénovation de quartiers dits « homogènes ». 

73% des structures publiques sont même prêtes à mener une telle opération : la moitié d’entre elles ont d’ores et déjà entamé la réflexion, et l’autre moitié est encore demandeuse d’un accompagnement plus poussé.

Des leviers pour enclencher l’acte de rénovation ont ainsi également été identifiés :

Dans un second temps, la nécessité de travailler sur des supports pratiques et utiles à destination des collectivités s’est imposée. L’objectif ? Structurer la réflexion de la massification de la rénovation énergétique des quartiers homogènes en étapes clés.

Cercle Promodul / INEF4 travaille donc sur l’élaboration d’un guide dont la vocation est d’accompagner les collectivités (ou tout acteur décideur), en proposant une méthodologie pour chaque étape (avant, pendant et après la rénovation) et en déterminant les intervenants et la manière de lever les obstacles. Ce guide, résultat d’un travail collaboratif et consultatif des 18 derniers mois, est en cours d’élaboration et sera publié prochainement.

La massification de la rénovation tant attendue par les pouvoirs publics, et préconisée par les acteurs de la filière, doit aussi passer par des actions de masses. Il s’agit, selon François Adam, Directeur de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages (Ministère de la cohésion des territoires), de « contribuer à l’émergence d’une filière de solutions industrielles et reproductibles pour la rénovation énergétique très performante » [3]. Ces process de rénovation auraient alors un objectif : accélérer le déroulement de chantiers pour atteindre des résultats plus rapidement.

D’où le choix de Cercle Promodul / INEF4, qui a mis en avant dans ses travaux, la nécessité de penser des actions à l’échelle du quartier plutôt que du bâtiment uniquement (c’est à dire des chantiers isolés réalisés en fonction d’opportunités ou d’actes déclencheurs embarquant la rénovation énergétique).

Afin d’enclencher cette nécessaire massification et ainsi atteindre les objectifs ambitieux, l’innovation doit jouer un rôle majeur tout en garantissant fiabilité, qualité et durabilité. C’est notamment l’industrialisation de solutions innovantes, technologiques mais surtout méthodologiques qui doivent permettre de débloquer les freins à la massification de la rénovation, qu’ils soient logistiques (gestion des déchets, durée et intensité des travaux, gestion des flux d’approvisionnement etc.), relatifs aux attentes des usagers (fournir des retours d’expériences, solutions répondant à la crainte de dépersonnalisation de l’habitat etc.), ou techniques (qualité des travaux, durabilité etc.).

[1] « Près de cinq millions de « passoires thermiques » en France », Le Monde

[2]  « Programme de rénovation thermique du parc existant 2015-2050 – Performance énergétique du bâtiment », The Shift Project, 2013, p.34

[3]  « Le Plan de relance est « un appel à réussir ensemble » (E. Wargon) », Batiweb