Associer le confort au bien-être et au matériel suffit-il pour le définir ? La notion de confort varie d’un individu à un autre en fonction des besoins, mais aussi des différents degrés de tolérance face aux inconforts. On arrive en effet à mieux définir une situation inconfortable et de fait à dire que le confort serait un état dans lequel nous ne ressentons pas de désagrément ou ne subissons pas d’impacts négatifs.
Pour aller plus loin nous pourrions dire qu’il faut distinguer deux notions. Premièrement, un confort lié au bâtiment et remplissant ses fonctions fondamentales d’abri pour l’occupant et de protection durable et efficace contre des éléments extérieurs. Deuxièmement, un confort relevant d’une perception sensorielle liée à des critères d’ambiance et d’environnement de l’habitat (luminosité, humidité, température, qualité de l’air, acoustique…).
Enfin on ne définit pas le confort de la même façon en fonction du climat, de la région ou de la culture auxquels on est soumis. Il est aussi « personnalisable » puisque les réactions psychologiques et physiologiques face à des situations d’inconfort peuvent varier d’un individu à l’autre.
Mais cette difficulté de définition quantifiable du confort ne doit pas être un obstacle à son intégration dans les projets de construction et de rénovation. Le confort doit être considéré de moins en moins comme un avantage ou un luxe, mais plutôt comme la volonté d’être un standard ou une référence participant au bien-être et à la santé.
En associant au confort les critères de santé et bien-être on comprend mieux l’intérêt et la portée de le considérer comme une attente normale des occupants et d’une certaine manière comme une certaine légitimité d’accès.
C’est en grande partie l’ambition des « habitats intelligents » abordant le confort sous différentes combinaisons et dont l’objectif est de faciliter la vie des occupants et d’anticiper leurs réactions pour adapter les différents critères et déclencher de manière automatique des actions sur des équipements.
Pour rappel, l’expérimentation E+C- visant à préparer la future réglementation environnementale RE 2020 et qui tiendra compte d’un volet environnemental, poursuit la série d’actions entreprises depuis les premières réglementations thermiques visant à réduire les consommations d’énergie pour aller progressivement vers des bâtiments à énergie positive (produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment).
Les notions d’habitudes de consommation d’énergie et de confort sont donc à englober dans la préparation de cette nouvelle réglementation puisque la performance énergétique est en jeu : l’objectif étant de réduire les postes de consommation dans le logement (chauffage, appareils électriques / électroniques, eau chaude sanitaire et cuisson). Cependant, jusqu’à quel point la réduction de la consommation énergétique reste acceptable pour les occupants en termes de confort ?
L’association des professionnels pour le chauffage durable « Energies et avenir » a confié au Comité Scientifique et Technique des Industries Climatique (COSTIC) une étude pour évaluer l’impact de plusieurs paramètres clés sur le confort des occupants dans des bâtiments performants à l’aide de simulations thermiques dynamiques, complétées par des retours terrains[2]. Il ressort de ces analyses que l’orientation sud du bâtiment est un critère permettant de garantir le meilleur équilibre thermique de sorte que les apports solaires soient suffisants autant en été (ni trop chaud…) qu’en hiver (…ni trop froid). En plus des apports solaires, cette orientation permet de profiter de la lumière naturelle, fortement liée à la notion de confort. En revanche, le rapport précise l’importance d’une bonne gestion de la protection solaire pour minimiser le nombre d’heures d’inconfort dans l’habitat.
D’ailleurs, le confort ressenti dans un espace clos a-t-il un impact sur la performance de nos activités ? Comme décrit précédemment, le confort se manifeste d’abord par l’absence de gêne. D’un point de vue réglementaire, l’article L. 4121-1 du code du travail précise que l’employeur doit être en mesure de proposer à ses employés un cadre de travail préservant leur santé physique et mentale en mettant en place les actions nécessaires.
C’est en effet ce que soutient Joséphine Ledoux, ingénieure, co-gérante du bureau d’études Enera Conseil : « Avec l’expérience, nous savons que […] c’est une manière de redonner aux occupants du bien-être, de l’énergie, et de prendre en compte certaines formes de fatigue au travail » [5]
Donc, bien que subjective, la notion de confort peut avoir une incidence sur la performance, peu importe l’activité menée (cadre professionnel, cadre domestique…).
Sans nécessairement dresser une liste de critères bien définis, il va de soi que le confort ne s’obtient pas simplement en suivant une recette de bonnes pratiques. Les critères de confort diffèrent ainsi selon les personnes et leurs besoins individuels. A ce titre, les enjeux liés à la santé des occupants prennent une place particulière dans la perception du confort.
Pour ne citer que quelques exemples, l’impact de la lumière naturelle se révèle positif d’un point de vue confort ET santé : des études ont démontré que la lumière naturelle dans les environnements clos permet de réduire les risques de dépression saisonnière, de mieux résister au stress et à la fatigue psychologique[6].
De même, la santé de certains individus peut inciter à rechercher plus de confort dans leur habitat. C’est le cas des seniors et de leurs besoins en mobilité dans le logement (limitation de certains gestes, conception d’un habitat évolutif et adapté incluant plusieurs dimensions de confort acoustique, lumineux, thermique).
Pourtant, le confort n’est pas uniquement une question de dispositions techniques de l’habitat ou de préférences selon les besoins de chaque usager. En effet, il ressort de plusieurs retours d’expériences[8] que le confort est aussi une question de personnalisation de l’habitat et de contrôle sur les équipements pour laisser la main à l’usager lorsqu’il le désire. Ce besoin de contrôle sur les équipements ne s’oppose pas nécessairement à l’automatisation des systèmes, qui se retrouve notamment dans la gestion de la température de l’air intérieur, hygrométrie, luminosité intérieure et lumière naturelle, bruit etc…
La notion de confort devient un aspect recherché et attendu par tous les usagers.Il devrait être considéré par tous les acteurs (neuf et rénovation) comme une exigence légitime. Les besoins en matière de confort diffèrent des besoins de chacun et reste liés aux préoccupations de santé. Les attentes en termes de confort ne sont pas uniquement techniques puisque certains usagers apprécient également le fait de personnaliser leur habitat ou espace de travail. Pour autant, le confort et la santé doivent rester accessibles à tous. Ces changements peuvent intervenir au niveau des mentalités et être inclus dans les réglementations en vigueur ou à venir.