Dans un rapport prospectif, le think tank Terra Nova imagine notre habitat dans vingt ans en déroulant quatre scénarios sur l’évolution du logement, nos manières d’habiter, nos nouveaux usages, nos déplacements, la révolution du partage et les grands enjeux de nos territoires de demain.
Il est audacieux de s’interroger sur les perspectives d’un secteur qui semble inscrit « par nature dans une longue durée » et une « trajectoire sans surprise ».
En effet, d’emblée la publication introduit le contexte d’un parc immobilier se transformant peu, ayant des contraintes techniques fortes et où le cadre institutionnel et les modes de construction ne peuvent évoluer « du jour au lendemain ».
Le rapport soulève donc plusieurs défis à relever et problématiques à prendre en compte comme par exemple la conception dominante actuelle du logement compliquant l’usage mixte habitation/activité professionnelle ou encore l’adaptation des logements au vieillissement entre autres : « Les habitants préfèrent pouvoir rester dans le même lieu, dans un habitat qui devrait idéalement s’adapter aux transformations de leur vie personnelle (à leurs contraintes et leur style de vie) »[3]. Des innovations s’orientent déjà dans cette direction.
Autre défi majeur, le réchauffement climatique.
Le secteur du bâtiment, résidentiel et tertiaire, représente 20 % des émissions nationales et « d’ici 2050, l’urbanisme et l’architecture devront prendre leur part à l’objectif de neutralité carbone en atteignant une décarbonation complète ou quasi complète à cet horizon de temps [4]« . Les contraintes environnementales et la lutte contre le réchauffement climatique vont donc obliger à trouver un équilibre pour éviter une trop forte concentration urbaine, d’une part, et un trop large étalement urbain, d’autre part. Une des réponses suggérées à l’étalement urbain serait la réhabilitation de logements dégradés en tenant compte des problèmes d’échelle : « il vaut mieux rénover tout un quartier qu’un bâtiment seul mais cela suppose une bonne anticipation urbaine, c’est-à-dire une continuité de la volonté politique d’aménagement local.» [5] (sur le même thème, consultez notre rapport « Rénovation des Quartiers Homogènes : comment massifier et industrialiser ? »)
Les auteurs du rapport élaborent quatre scénarios :
- La « concentration métropolitaine »: ce premier scénario témoigne d’un renforcement des métropoles au détriment des territoires accroissant ainsi « la fracture territoriale », les inégalités économiques et sociales ;
- La « saturation urbaine »: la densité extrême des métropoles les rend moins attractives. On habite mal la ville lorsque les prix des logements flambent, que la pollution rend l’air hostile et que les pics de chaleur sont de plus en plus fréquents (l’effet spécifique de l’augmentation des températures se traduit par un impact plus marqué des vagues de chaleur – îlots de chaleur urbains – phénomène détaillé dans notre article ci-après « Réchauffement climatique, canicule : comment prévenir les « bulles » de chaleur urbaines ? »), pour ne citer que ces désagréments ;
- La « révolution du partage » : ce troisième scénario est caractérisé par l’évolution des modes de vie urbains. La mobilité modifie le rapport à la ville. Le développement de la voiture autonome réduit la place de l’automobile dans les centres urbains. Moins de véhicules individuels donc moins de nuisances sonores et moins de places de stationnement nécessaires. Les usagers se partagent entre des espaces plus petits en ville et un autre lieu d’habitation ailleurs sur le territoire et développent l’économie du partage avec leur famille et le voisinage.
- Le « réseau des métropoles »: le dernier des scénarios envisagés est le plus probable pour l’institut, le plus équilibré pour les territoires, qui prend en compte la lutte contre les inégalités, les impératifs environnementaux et la qualité de vie. « Les villes moyennes et intermédiaires prennent le relais des métropoles ». Le développement du télétravail modifie la fonctionnalité du logement et la mobilité contrainte. Les auteurs imaginent un territoire « bien vascularisé » animé d’un esprit dynamique d’entreprise et valorisant « ses atouts, ses traditions industrielles ou économiques » et le fait « de ne pas être saturé ».
Et si c’était cela au fond qui se profilait…